1 00:00:05,970 --> 00:00:08,220 c : Les aménagements de la règle. 2 00:00:08,420 --> 00:00:13,990 α : des possibilités d’aliéner 3 00:00:14,190 --> 00:00:16,930 sans désaffecter et déclasser. 4 00:00:20,010 --> 00:00:24,390 Dans certains cas, le législateur, puisque le principe n’a pas de 5 00:00:24,590 --> 00:00:27,960 valeur constitutionnelle, je vous le rappelle, va pouvoir déroger 6 00:00:28,230 --> 00:00:33,000 à l’obligation de faire sortir le bien du domaine public avant 7 00:00:33,200 --> 00:00:34,230 de le céder. 8 00:00:34,430 --> 00:00:38,940 Attention, ce ne sont pas des atténuations dans la procédure 9 00:00:39,140 --> 00:00:44,670 de sortie du domaine public, mais bien une dérogation à la procédure 10 00:00:44,870 --> 00:00:47,280 elle-même, donc au principe d’inaliénabilité. 11 00:00:48,540 --> 00:00:52,830 Plusieurs possibilités ont été organisées par le législateur. 12 00:00:54,990 --> 00:00:58,440 La première, les sessions entre personnes publiques. 13 00:01:00,630 --> 00:01:01,860 Ce sont les articles L. 14 00:01:02,100 --> 00:01:04,680 3112-1 et L. 15 00:01:04,880 --> 00:01:10,980 3112-2 du CG3P qui permettent au propriétaire d’une dépendance du 16 00:01:11,180 --> 00:01:15,210 domaine public de la vendre ou de l’échanger avec un bien d’une 17 00:01:15,410 --> 00:01:21,270 autre personne publique sans avoir à la déclasser, ni la désaffecter, 18 00:01:21,480 --> 00:01:25,410 lorsque la dépendance a vocation à rester dans le domaine public 19 00:01:25,610 --> 00:01:27,210 de la personne publique qui l’acquiert. 20 00:01:29,850 --> 00:01:34,110 Autrement dit, il est possible pour une personne publique de vendre 21 00:01:34,310 --> 00:01:38,940 ou d’échanger un bien de son domaine public avec une autre personne 22 00:01:39,140 --> 00:01:44,460 publique qui va préserver l’affectation du bien à l’usage direct du public 23 00:01:44,760 --> 00:01:45,960 ou à un service public. 24 00:01:47,580 --> 00:01:51,960 En outre, le principe d’incessibilité à vil prix n’est pas concerné ici 25 00:01:52,380 --> 00:01:56,700 dès lors que ce principe ne joue que pour les sessions avec une 26 00:01:56,900 --> 00:02:01,500 personne privée, conformément à la décision du Conseil constitutionnel 27 00:02:02,130 --> 00:02:04,560 de 1986, la décision Privatisation. 28 00:02:06,540 --> 00:02:10,470 Ces dispositions apportent beaucoup de souplesse dans la gestion des 29 00:02:10,670 --> 00:02:14,910 biens publics notamment dans le cadre de transferts de gestion 30 00:02:15,110 --> 00:02:18,930 d’un service public qui pourra s’accompagner du transfert du bien 31 00:02:19,130 --> 00:02:19,890 affecté audit service. 32 00:02:20,090 --> 00:02:24,960 Songez, par exemple, à une commune qui va transférer 33 00:02:25,160 --> 00:02:28,680 la gestion de tel ou tel service public à l’établissement public 34 00:02:28,880 --> 00:02:31,890 de coopération intercommunale auquel elle appartient. 35 00:02:32,090 --> 00:02:36,360 S’il est décidé que désormais, la gestion du service public des 36 00:02:36,560 --> 00:02:41,070 piscines appartient à l’établissement public par exemple, alors la commune 37 00:02:41,270 --> 00:02:46,140 pourra, en plus de lui transférer la compétence, lui céder la propriété 38 00:02:46,470 --> 00:02:47,490 des piscines en question. 39 00:02:49,810 --> 00:02:53,500 Autre aménagement, les promesses de vente. 40 00:02:55,960 --> 00:03:02,830 Pendant longtemps, a été rattachée au principe d’inaliénabilité et 41 00:03:03,030 --> 00:03:06,740 à l’impossibilité de céder le bien du domaine public, l’interdiction 42 00:03:08,110 --> 00:03:13,030 de signer une promesse de vente d’un bien appartenant au domaine 43 00:03:13,230 --> 00:03:13,990 public. 44 00:03:14,500 --> 00:03:17,770 Ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque l’article L. 45 00:03:17,970 --> 00:03:23,680 3112-4 du CG3P dispose, je cite : « Qu'un bien relevant 46 00:03:23,880 --> 00:03:26,470 du domaine public peut faire l’objet d’une promesse de vente". 47 00:03:26,670 --> 00:03:27,640 C’est très clair. 48 00:03:29,680 --> 00:03:33,550 Le bien est encore dans le domaine public, mais la personne publique, 49 00:03:33,750 --> 00:03:37,510 si elle a déjà décidé de désaffecter le bien dans l’avenir, 50 00:03:37,990 --> 00:03:41,110 peut alors signer une promesse de vente. 51 00:03:41,310 --> 00:03:48,610 Ici, l'atteinte au principe de l’inaliénabilité est minime car le bien, 52 00:03:48,880 --> 00:03:54,280 au moment où la cession sera réalisée, n’appartient plus au domaine public, 53 00:03:54,490 --> 00:03:57,850 puisque la personne publique doit, après la promesse de vente, 54 00:03:58,210 --> 00:04:03,010 concrétiser la désaffectation et déclasser le bien pour pouvoir le céder. 55 00:04:03,210 --> 00:04:09,640 Néanmoins, il s’agit d’un aménagement à un effet que le juge avait dégagé 56 00:04:09,970 --> 00:04:10,730 du principe. 57 00:04:13,150 --> 00:04:17,080 La promesse de vente doit donc prévoir un délai durant lequel 58 00:04:17,280 --> 00:04:20,920 la personne publique doit faire sortir le bien du domaine public 59 00:04:21,130 --> 00:04:22,270 pour réaliser la vente. 60 00:04:23,380 --> 00:04:27,400 Mais notez que la promesse doit obligatoirement contenir une clause 61 00:04:27,600 --> 00:04:28,360 résolutoire. 62 00:04:29,140 --> 00:04:34,150 En effet, si la personne publique estime finalement qu’elle ne peut 63 00:04:34,350 --> 00:04:38,200 pas désaffecter le bien, alors la promesse tombe, 64 00:04:38,560 --> 00:04:42,460 et ce, sans que cela n’entraîne une obligation d’indemnisation 65 00:04:42,760 --> 00:04:46,270 en faveur de celui qui espérait devenir l’acquéreur. 66 00:04:48,160 --> 00:04:53,350 Cela rend tout de même l’instrument très fragile au regard de l’incertitude 67 00:04:53,710 --> 00:04:59,350 qui l’accompagne, mais cette incertitude est nécessaire au regard 68 00:04:59,550 --> 00:05:02,560 de la protection du domaine public et de l’affectation du bien. 69 00:05:02,760 --> 00:05:09,170 ꞵ : des possibilités de constituer 70 00:05:09,370 --> 00:05:11,930 des droits réels sur le domaine public. 71 00:05:16,140 --> 00:05:21,510 Le législateur a permis aux personnes publiques d’attribuer à des personnes 72 00:05:21,710 --> 00:05:25,860 privées qui occupent le domaine public des autorisations leur 73 00:05:26,060 --> 00:05:30,390 permettant de jouir de droits réels sur ledit domaine, le temps que 74 00:05:30,590 --> 00:05:31,680 dure l’occupation. 75 00:05:32,910 --> 00:05:37,350 Le législateur a également permis la création de servitudes sur le 76 00:05:37,550 --> 00:05:38,310 domaine. 77 00:05:38,510 --> 00:05:41,580 Je vous propose de revenir sur ces deux points et de commencer 78 00:05:41,780 --> 00:05:45,750 en voyant les titres d’occupation constitutifs de droits réels. 79 00:05:45,950 --> 00:05:51,900 À la suite de l’arrêt association 80 00:05:52,100 --> 00:05:58,090 Eurolat, le législateur a voulu assouplir la gestion du domaine, 81 00:05:58,300 --> 00:06:03,820 notamment permettre la valorisation du domaine en accordant à des occupants 82 00:06:04,090 --> 00:06:09,520 du domaine public des droits réels, et ce, afin qu’ils puissent rassurer 83 00:06:09,720 --> 00:06:12,310 d’éventuels investisseurs, notamment par les hypothèques, 84 00:06:12,640 --> 00:06:15,910 et réaliser des aménagements qui participent, in fine, 85 00:06:16,210 --> 00:06:17,140 à l’intérêt général. 86 00:06:18,730 --> 00:06:24,490 En particulier, le législateur a autorisé l’administration à recourir 87 00:06:24,690 --> 00:06:28,300 au bail emphytéotique sous certaines conditions, la première loi datant 88 00:06:28,500 --> 00:06:30,040 de 1988. 89 00:06:30,760 --> 00:06:35,290 Il a également admis l’octroi d’autorisations d’occupation temporaire 90 00:06:35,490 --> 00:06:37,360 constitutives de droits réels. 91 00:06:39,070 --> 00:06:43,780 Je vous propose d’examiner plus en détail ces titres constitutifs 92 00:06:43,980 --> 00:06:49,270 de droits réels lorsque nous étudierons directement les titres d’occupation 93 00:06:49,470 --> 00:06:51,250 du domaine un peu plus loin dans ce cours. 94 00:06:52,390 --> 00:06:56,260 Voyons directement le second point, c’est-à-dire les servitudes 95 00:06:56,460 --> 00:06:58,930 conventionnelles sur le domaine public. 96 00:07:02,450 --> 00:07:06,200 Une servitude, c’est une obligation qui grève un terrain, 97 00:07:06,890 --> 00:07:10,940 appelé le fond servant, par rapport à un autre terrain, 98 00:07:12,050 --> 00:07:13,700 dit le fond dominant. 99 00:07:14,390 --> 00:07:18,470 La servitude n’est pas un droit personnel, mais un droit réel. 100 00:07:19,280 --> 00:07:20,480 Elle se rapporte à des biens. 101 00:07:21,440 --> 00:07:25,070 Les servitudes conventionnelles, celles organisées par le Code civil 102 00:07:25,370 --> 00:07:29,240 étant des droits réels, elles ne peuvent pas grever les 103 00:07:29,440 --> 00:07:30,800 dépendances du domaine public. 104 00:07:31,880 --> 00:07:34,160 La jurisprudence à ce sujet est très ancienne. 105 00:07:35,510 --> 00:07:40,160 Ce seront souvent des servitudes permettant le passage sur le bien 106 00:07:40,360 --> 00:07:44,990 ou encore empêchant la construction pour ne pas gêner la vue depuis 107 00:07:45,190 --> 00:07:45,950 un autre bien. 108 00:07:47,240 --> 00:07:51,770 Il était cependant admis, de longue date, que lorsqu’une 109 00:07:51,970 --> 00:07:56,810 servitude conventionnelle était établie avant l’incorporation d’un 110 00:07:57,010 --> 00:08:00,020 bien au domaine public, cette servitude continuait d’exister. 111 00:08:01,400 --> 00:08:06,710 Il fallait néanmoins que la servitude soit compatible avec l’affectation 112 00:08:06,950 --> 00:08:07,850 de la dépendance. 113 00:08:08,210 --> 00:08:11,900 Si la servitude n’était pas compatible, le propriétaire du fonds dominant 114 00:08:12,100 --> 00:08:16,730 devait alors être indemnisé, le préjudice résultant de la perte 115 00:08:16,930 --> 00:08:17,690 de la servitude. 116 00:08:18,750 --> 00:08:21,260 Mais depuis 2006, les choses ont changé. 117 00:08:22,430 --> 00:08:23,330 En effet, l’article L. 118 00:08:23,530 --> 00:08:30,230 2122-4 du CG3P prévoit que des servitudes conventionnelles peuvent 119 00:08:30,430 --> 00:08:32,300 être établies sur le domaine public. 120 00:08:32,500 --> 00:08:37,640 L’article indique cependant que les servitudes ne sont permises, 121 00:08:37,840 --> 00:08:41,190 je cite : "Dans la mesure où leur existence - on retrouve cette idée 122 00:08:41,390 --> 00:08:45,140 - est compatible avec l’affectation de ceux de ces biens sur lesquels 123 00:08:45,380 --> 00:08:47,120 ces servitudes s’exercent". 124 00:08:49,040 --> 00:08:51,140 Très concrètement, de quoi s’agit-il ? 125 00:08:52,700 --> 00:08:56,450 Prenons l’exemple d’un terrain propriété privée. 126 00:08:58,400 --> 00:09:03,260 Si le propriétaire veut construire sur son terrain, ce dernier doit 127 00:09:03,460 --> 00:09:05,920 pouvoir être desservi depuis la voie publique. 128 00:09:06,120 --> 00:09:14,100 Or, imaginez que le terrain se trouve enclavé et que tout autour 129 00:09:14,300 --> 00:09:18,660 de lui, on retrouve d’autres propriétés privées et une propriété publique, 130 00:09:19,520 --> 00:09:20,870 par exemple une bibliothèque. 131 00:09:22,730 --> 00:09:27,080 Le propriétaire privé peut alors demander à la personne publique 132 00:09:27,280 --> 00:09:31,340 propriétaire de la bibliothèque de lui accorder une servitude de 133 00:09:31,540 --> 00:09:36,530 passage sur le terrain du domaine public, garantissant ainsi à son 134 00:09:36,730 --> 00:09:39,770 terrain de pouvoir être relié à une voie publique. 135 00:09:39,970 --> 00:09:44,570 Cependant, cette servitude ne doit pas compromettre l’affectation du bien. 136 00:09:45,200 --> 00:09:48,470 Selon la disposition de la bibliothèque sur le terrain, pour reprendre 137 00:09:48,670 --> 00:09:52,310 notre exemple, une servitude de passage a priori ne paraît pas 138 00:09:52,510 --> 00:09:54,500 s’opposer en soi à l’affectation du bien. 139 00:09:57,140 --> 00:10:01,580 En outre, la possibilité de grever le bien du domaine public d’une 140 00:10:01,780 --> 00:10:05,690 servitude conventionnelle est conforme à la jurisprudence du Conseil 141 00:10:05,890 --> 00:10:10,130 constitutionnel établi dans sa décision du 21 juillet 94, 142 00:10:10,400 --> 00:10:13,580 loi relative à la constitution de droits réels sur le domaine 143 00:10:13,780 --> 00:10:18,800 public que nous avons déjà croisé dans sa décision du 14 avril 2005 144 00:10:19,000 --> 00:10:23,960 sur la loi relative aux aéroports et selon laquelle une dépendance 145 00:10:24,160 --> 00:10:28,520 du domaine public peut être grevée d’un droit réel, à condition que 146 00:10:28,720 --> 00:10:32,540 cela ne remette pas en cause les exigences constitutionnelles qui 147 00:10:32,740 --> 00:10:37,430 résultent de l’existence et de la continuité des services publics. 148 00:10:37,630 --> 00:10:43,760 2 : l’imprescriptibilité des biens du domaine public. 149 00:10:45,800 --> 00:10:49,700 Il s’agit là d’un principe ancien que reprend l’article L. 150 00:10:49,900 --> 00:10:52,190 3111-1 du CG3P. 151 00:10:53,960 --> 00:10:58,250 Ce principe se traduit par l’impossible application, pour les biens du 152 00:10:58,450 --> 00:11:02,900 domaine public, de la prescription acquisitive organisée par l’article 153 00:11:03,100 --> 00:11:05,690 2258 du Code civil. 154 00:11:06,770 --> 00:11:12,620 Cet article du Code civil dispose que la prescription acquisitive est, 155 00:11:12,820 --> 00:11:16,940 je cite : "Un moyen d’acquérir un bien ou un droit par l’effet 156 00:11:17,300 --> 00:11:21,520 de la possession, sans que celui-qui la lègue soit obligé d’en rapporter 157 00:11:21,720 --> 00:11:26,360 un titre ou qu’on puisse lui opposer l’exception déduite de la mauvaise 158 00:11:26,560 --> 00:11:27,320 foi". 159 00:11:27,520 --> 00:11:31,280 Concrètement, un occupant peut devenir propriétaire par l’effet 160 00:11:31,480 --> 00:11:35,940 d’une occupation non interrompue paisible, publique, non équivoque 161 00:11:36,140 --> 00:11:40,100 et à titre propriétaire, c’est-à-dire que l’occupant s’est 162 00:11:40,460 --> 00:11:44,720 comporté comme un propriétaire, et ce, pendant 30 ans pour les 163 00:11:44,920 --> 00:11:45,680 immeubles. 164 00:11:47,570 --> 00:11:54,890 Ce délai dit d’usucapion étant réduit à 10 ans pour celui qui 165 00:11:55,220 --> 00:11:59,150 acquiert de bonne foi et par un titre un immeuble. 166 00:11:59,990 --> 00:12:05,030 Or, un occupant du domaine public ne peut pas en devenir propriétaire 167 00:12:05,240 --> 00:12:08,840 parce qu’il a occupé pendant 30 ans et qu’il se comportait avec 168 00:12:09,040 --> 00:12:11,150 le bien comme s’il était propriétaire. 169 00:12:12,620 --> 00:12:18,200 Avant que la règle ne soit codifiée, le juge administratif l’avait consacré 170 00:12:18,500 --> 00:12:22,070 et voyez en ce sens la décision du Conseil d’État en date du 13 171 00:12:22,270 --> 00:12:24,740 octobre 1967, Cazeaux. 172 00:12:26,270 --> 00:12:28,130 Prenons un exemple récent. 173 00:12:29,090 --> 00:12:33,770 On peut citer la décision du Conseil d’État en date du 21 juin 2018, 174 00:12:34,160 --> 00:12:35,590 Société Pierre Bergé. 175 00:12:37,190 --> 00:12:42,920 En l’espèce, un collectionneur privé entend vendre aux enchères 176 00:12:43,120 --> 00:12:47,840 une statuette d’albâtre représentant un pleurant étanchant ses larmes. 177 00:12:49,520 --> 00:12:53,510 En raison de la possibilité que l’acquéreur soit situé à l’étranger, 178 00:12:53,900 --> 00:12:57,290 la maison de vente aux enchères fait une demande auprès du ministre 179 00:12:57,490 --> 00:13:01,070 de la Culture pour obtenir un certificat d’exportation en vue 180 00:13:01,270 --> 00:13:03,830 d’une potentielle sortie définitive du territoire national, 181 00:13:04,820 --> 00:13:07,220 et ce, conformément au Code du patrimoine. 182 00:13:09,080 --> 00:13:13,490 Quelle ne fut pas la surprise de ceux qui se pensaient propriétaires 183 00:13:13,690 --> 00:13:19,490 depuis des générations lorsque le ministre a non seulement refusé 184 00:13:19,690 --> 00:13:23,690 de leur accorder ce certificat, mais leur a en plus demandé de 185 00:13:23,890 --> 00:13:28,790 restituer le bien qui, selon lui, appartenait toujours 186 00:13:29,000 --> 00:13:29,760 à l’État. 187 00:13:30,440 --> 00:13:33,740 En effet, selon l’État, il s’agissait là d’un des pleurants 188 00:13:33,940 --> 00:13:38,240 qui ornait le tombeau de Philippe le Hardi, nationalisé au moment 189 00:13:38,440 --> 00:13:39,200 de la révolution. 190 00:13:39,860 --> 00:13:43,400 On retrouve sa trace en 1811 chez un collectionneur privé, 191 00:13:43,610 --> 00:13:48,860 puis il est acheté en 1813 par un ascendant des actuels propriétaires. 192 00:13:49,370 --> 00:13:53,600 Cela fait donc plus de deux siècles que le bien est possédé par la 193 00:13:53,800 --> 00:13:54,560 même famille. 194 00:13:55,100 --> 00:13:59,120 Mais peu importe, le Conseil d’État juge que le bien, je cite : 195 00:13:59,420 --> 00:14:02,930 "N’avait jamais cessé, depuis sa mise à disposition de 196 00:14:03,130 --> 00:14:07,520 la nation en 1789, d’appartenir au domaine national, 197 00:14:07,790 --> 00:14:12,170 puis au domaine public dont il a été irrégulièrement soustrait", 198 00:14:12,620 --> 00:14:17,450 et d’en déduire qu’il n’avait pu faire l’objet d’une prescription 199 00:14:17,650 --> 00:14:23,150 acquisitive au profit de ses détenteurs successifs, quelle que soit leur 200 00:14:23,350 --> 00:14:24,110 bonne foi. 201 00:14:24,950 --> 00:14:29,000 Ainsi, l’imprescriptibilité se traduit également par le fait que 202 00:14:29,200 --> 00:14:33,260 toute action qui permet d’obtenir la revendication du bien ne peut 203 00:14:33,530 --> 00:14:34,290 s’éteindre.